4 questions à Frédéric Monnereau (Disney)

9 juin 2021
Le directeur du marketing et de la distribution de Walt Disney Pictures France évoque comment le studio a élaboré la programmation de sa reprise.

Après son triomphe aux Oscars, Nomadland est enfin dans nos salles après avoir été reporté à de maintes reprises. Comment avez-vous élaboré sa sortie alors que l’annonce de la réouverture des salles a été constamment retardée ?

C’est un film que nous aimons beaucoup et dont nous préparons la sortie depuis longtemps puisqu’il a remporté le Lion d’Or à la Mostra de Venise en septembre dernier. Nous avons annoncé la sortie à plusieurs reprises. Tout d’abord en février pour se caler aux Oscars. Mais ils ont été décalés et les salles étaient toujours fermées. C’est un film sur lequel nous nous sommes constamment adaptés et sur lequel nous avons essayé d’être le plus agile possible. Nous sommes ravis que les spectateurs puissent enfin le découvrir sur un grand écran.

Les salles sont ouvertes depuis trois semaines et Nomadland est votre première sortie depuis la reprise. Quelle a été votre réflexion pour élaborer votre programmation ?

Nous avions prévu de sortir initialement Cruella le 26 mai avant de le décaler au 23 juin. Cette décision a été prise suite à nos échanges avec le CNC et le Ministère de la Culture pour prévenir l’embouteillage de la reprise. Dans ce contexte, chacun se devait de prendre ses responsabilités. Et c’est ce que nous avons fait. Les films qui bénéficiaient d’une ressortie méritaient de vivre pleinement leur deuxième vie. Tout comme ceux qui auraient dû être programmés en décembre dernier. C’était une volonté de notre part de laisser le marché reprendre peu à peu, de laisser les films revenir à l’affiche puis d’accompagner la réouverture avec des films forts de notre line up.

Les chiffres témoignent d’un mois de mai à plus de 3,5 millions d’entrées. Cela vous rend optimiste pour la suite ?

Les indicateurs sont plus qu’encourageants. Le public a démontré son appétence à se rendre au cinéma mais aussi son appétence à voir des bons films. L’offre est très riche, y compris de notre côté puisque nous sortirons cet été des films pour tous les âges et toutes les cinéphilies : de Nomadland à Cruella, en passant par Black Widow, Jungle Cruise et Free Guy. Notre fin d’année sera également très forte avec les sorties du nouveau Kingsman, du West Side Story de Spielberg et du nouveau film d’animation Disney, Encanto, qui enchantera toutes les familles. 

Vous êtes issu d’une famille d’exploitants. Comment avez vous vécu ces longs mois de confinement qui ont vu les salles être coupées de leur public pendant si longtemps alors que les plateformes ont connu un véritable essor ?

Mon attachement à la salle de cinéma n’est plus à démontrer puisque j’ai effectivement grandi dans ce lieu unique. J’ai vécu cette période en travaillant d’arrache-pied avec mes équipes pour préparer la sortie de nos films malgré cette longue période d’incertitude. Je n’ai jamais eu peur de l’essor des plateformes car elles forment, avec les salles, un tout unique que nous devons désormais appréhender de façon globale. Le cinéma a encore de belles aventures à raconter et à faire vivre au public. Et nous serons toujours là pour y contribuer. Avec notre passion.