Ambitieux line up pour Sombrero Films, qui accélère son développement

19 mai 2021
La société de production Sombrero Films multiplie les projets aussi bien pour les salles de cinéma, auxquelles elle reste très attachée, que pour les plateformes via sa nouvelle filiale Sombrero Fiction.

Cinéphile éclectique, le producteur Alain Benguigui a construit au fil des années une ligne éditoriale à l’image de ses goûts de spectateur, naviguant entre films d’auteur, de genre et grand public : « le cinéma d’auteur reste un désir fort car c’est par cela que j’ai débuté, mais j’ai souhaité m’ouvrir à d’autres modes narratifs, parmi lesquels le genre ou la comédie. C’est une autre manière de raconter des histoires et de provoquer des émotions ; des pleurs, des rires, de la peur. Je dirais qu’aujourd’hui je m’attache à développer des films d’auteur qui ont vocation toutefois à rencontrer un large public ».

Précurseuse sur le marché du film de genre en France à la fin des années 2000, avec des films comme Vertige d’Abel Ferry ou Captifs de Yann Gozlan, la société a récemment renoué avec ce cinéma, de plus en plus prisé. En 2019, Sombrero Films coproduit en effet avec Frakas Productions et Siddhi Films le thriller horrifique de Patrick Ridremont, Le Calendrier. L’histoire suit le parcours d’Eva, paraplégique depuis trois ans, qui, pour son anniversaire, se voit offrir un étrange calendrier de l’avent. Eva va avoir le choix de retrouver l’usage de ses jambes, mais à quel prix ? « J’ai été séduit dès l’écriture par le divertissement de qualité que le film pouvait proposer mais aussi par son propos sur le handicap. Aujourd’hui, le cinéma de genre est de plus en plus considéré car il est porteur d’un discours sur la société. Un film comme Get Out, qui dénonce le racisme aux Etats-Unis, a changé beaucoup de choses. Même le CNC se montre désormais plus proactif via l’avance sur recette de films de genre. Ou le groupe So Film avec la création de sa résidence dédiée à cette typologie de films » s’enthousiasme Alain Benguigui.

Alors qu’il devait sortir en décembre 2020, le long métrage sera finalement distribué en salles par les équipes d’Alba Films et Universal le 1er décembre 2021, malgré l’intérêt qu’ont pu manifester certaines plateformes : « nous tenions à rester fidèles aux partenaires qui nous ont accompagné dès le début de cette aventure, à commencer par Canal+ et nos Sofica, Cinecap, Manon et Palatine Etoile. Comme nos distributeurs, nous sommes convaincus que nous saurons trouver notre public en salles. Et puis il nous paraît primordial de ne pas abandonner les jeunes spectateurs et de sortir en salles des films de genre français qui leur sont spécifiquement destinés » témoigne le producteur.

Un line up riche et diversifié

Malgré un écosystème saturé aussi bien en France qu’à l’international, avec certains distributeurs dont le line up est bouclé en 2021 voire en 2022, Sombrero Films a néanmoins tenu à poursuivre ses investissements dans le développement de nouveaux projets. « La situation est certes difficile mais elle n’en reste pas moins excitante. Si on se met dans la perspective que le cinéma ne va pas mourir et se remettra de cette crise, il y a fort à parier que le marché sera totalement assaini d’ici 2022 ou 2023. Il faudra alors que nous soyons présents avec les projets que nous aurons développés durant cette période. Je m’emploie donc à construire un line up exigeant que nous pourrons proposer en temps voulu au marché ».

De fait, Sombrero a récemment produit avec Macassar Productions le film d’Antoinette Boulat, Ma Nuit. Le tournage s’est déroulé en juillet dernier. La société a également coproduit avec la société suisse Vega Film le thriller d’espionnage de Jérôme Dassier, Seule, dont le tournage vient de s’achever. Porté par Asia Argento et Jeanne Balibar, le film suit le parcours d’Anne, qui vit recluse à la montagne et découvre que son chalet isolé a été placé sur écoute. Elle est alors rattrapée par son ancienne vie d’agent du renseignement. Un passé qu’elle espérait avoir laissé derrière elle. Canal+ et Orange se sont engagés sur le film, qui sera distribué par Alba. UniversCiné gérera le mandat VOD tandis que WTFilms en assurera les ventes internationales.

Après le triomphe de Ma vie de courgette en 2017, Sombrero développe et produira le troisième film d’animation de Claude Barras, Ce n’est pas toi que j’attendais. Alors que son film La Fine Fleur doit sortir le 30 juin, Pierre Pinaud verra son prochain long métrage, La nuit je mens, être produit par la société d’Alain Benguigui. L’histoire s’intéresse à Nicole, 55 ans, une femme ordinaire qui, la nuit venue, se prostitue. Elle va prendre sous son aile une enfant qu’elle doit raccompagner en Europe de l’Est. Sombrero coproduit aussi avec Polaris un film sur les difficultés que traverse un couple de famille d’accueil, Les Baladés d’Hubert Gillet, dont le tournage devrait débuter l’an prochain. La société développe également de nombreux projets pour la télévision et les plateformes via sa structure Sombrero Fiction, fondée en juin 2019 et codirigée par Emmanuel Bézier. Des signatures devraient être annoncées très prochainement.

Renouveler la production indépendante

Parallèlement à son activité intense de production, Alain Benguigui demeure également membre de l’Union des Producteurs de Cinéma (UPC) où les débats quant à l’avenir et à la préservation de la production française restent primordiaux en ces temps de crise : « actuellement les enjeux portent sur l’arrivée du décret SMAD et sur la nouvelle chronologie des médias. Mais plus largement, nous nous interrogeons surtout quant à la façon de renouveler notre modèle de production. Il est préoccupant de constater que le cinéma français perd des financements depuis plusieurs années. Cela vient en partie de la contraction des investissements des chaînes de télévision, mais aussi de la baisse des MG des distributeurs. Ceux-ci doivent faire face à une concurrence accrue avec 15 à 20 films qui sortent chaque semaine. Il y a donc moins d’entrées par film et la rentabilité de chacun baisse. Or, leur coût de fabrication ne baisse pas. Il est donc primordial de se questionner sur quel cinéma nous souhaitons défendre et comment intégrer de nouveaux acteurs dans notre écosystème. C’est dans cette perspective que nous avons rejoint cette année l’Accélérateur Cinéma-Audiovisuel mis en place par la BPI et le CNC, nous sommes très fiers aujourd’hui de faire partie de cette première promotion ».