HDR Dolby Vision : succès international de la rom-com ‘Love and Anarchy' sur Netflix

11 mai 2021
On ne présente plus le drame scandinave : esthétique, sombre, un brin languide avec ce soupçon d’introspection mélancolique propre aux peuples nordiques. Qui aurait donc pu penser que les abonnés de Netflix se laisseraient convaincre par une comédie romantique sauce suédoise ? Pari gagnant : Love and Anarchy cartonne. La série nous fait suivre les aventures de Sofie, mariée et mère de famille, consultante dans une vieille maison d’édition de Stockholm. C’est là qu’elle rencontre Max, jeune homme d’une vingtaine d’années, et s’écarte de sa vie respectable pour goûter aux frissons du danger.
Love and anarchy

Nous nous sommes entretenus avec l’équipe de production pour connaître les ingrédients de ce succès et comprendre le rôle du HDR Dolby Vision dans ce nouveau hit Made-in-Sweden.


Les défis de la comédie romantique


« Les rom-com reposent sur une certaine esthétique », explique la productrice Frida Asp. « Et le cheminement de leurs personnages suit une dynamique bien particulière. Nous invitons le téléspectateur dans un monde familier, auquel il peut s’identifier, mais dans une version séance photo pour magazine lifestyle. Le HDR et Dolby Vision nous ont offert une énorme marge de manœuvre pour créer cette ambiance. »
C’est à Ulf Brantås, directeur de la photographie, que cette mission a été confiée. Comme les autres membres de l’équipe, il n’avait encore jamais travaillé en Dolby Vision sur un gros projet. Mais il s’est vite rendu compte à quel point les nouvelles nuances offertes pouvaient servir l’histoire. « L’expérience a été très positive. Dès le départ, nous avons vu que nous pouvions créer de la texture et un genre d’effet 3D. Nous aurions pu pousser l’enveloppe plus loin, mais non – c’est sur le registre de la subtilité que nous avons préféré faire la différence. »
L’étalonneur Mats Holmgren a quant à lui ajouté la dernière touche : « Le changement est radical. Au départ, j’ai conservé un aspect gommé, dans le style SDR. Mais nous nous sommes rendu compte qu’en accentuant les couleurs, nous pouvions y ajouter un certain éclat sans tomber dans l’artificialité des images trop saturées. Le résultat est bien plus proche du cinéma. » « C’est très agréable et, plus important encore, en phase avec l’ensemble de l’intrigue », ajoute Ulf Brantås.
Frida Asp raconte également que le HDR et Dolby Vision ont conquis toute l’équipe de production, même si la technologie n’était pas prévue dans le budget initial. « Lorsque nous avons pris cette décision, nous avons dû utiliser les fonds alloués à autre chose. Mais ce n’était pas grand-chose. Cela n’a donc pas posé de problème. Nous n’avons pu dû couper des scènes. Rien de ce genre. C’était un choix artistique qui a fait l’unanimité. Chaque département a participé aux tests. Tout le monde a été conquis par la possibilité d’une telle expérience. Personne ne s’est senti floué. Bien au contraire. »

HDR et Dolby Vision : nouveau souffle pour les anciennes techniques


La technologie a mis en lumière d’autres aspects essentiels de la production. « Par exemple, nous avons découvert que le maquillage se voyait beaucoup plus », explique Frida Asp. « Chaque pixel du visage de Sofie ressortait très distinctement. Nous avons donc utilisé le maquillage comme signe externe de l’évolution de son personnage et de sa transformation. Le HDR ouvre beaucoup plus de possibilités sur ce terrain. » Pour la productrice, le HDR et Dolby Vision permettent de représenter le cheminement des personnages de façon subtile, mais convaincante. « Sofie évolue au fil de ses expériences de plus en plus extrêmes. Elle abandonne le confort de sa vie rangée et, à mesure que l’excitation et l’incertitude la gagnent, son apparence – son maquillage, sa coiffure, ses vêtements, ses traits tirés – trahit son état d’esprit. Avec le HDR, nous avons pu donner davantage de profondeur à cet aspect du personnage. C’est très important dans une comédie dramatique. »
Frida Asp ne cache pas non plus sa satisfaction d’avoir enfin pu résoudre un problème récurrent des productions suédoises. « Nous nous sommes dit que nous pouvions revoir notre utilisation des couleurs des costumes. En Suède, la plupart des gens s’habillent en noir l’hiver. Nous avons enfin pu refléter cette réalité. Avec le SDR, les vêtements noirs ne ressortent pas. Maintenant, on discerne bien les différentes nuances de noirs. Certains auront l’air gris, d’autres se distingueront par leur structure et leur texture. Pour la première fois, nos personnages ont pu porter du noir ! »


Une image au service de la trame narrative

Le HDR et Dolby Vision ont également offert un résultat fidèle à l’intention de départ, de la production jusqu’à la diffusion dans les foyers du monde entier. « Dans la salle d’étalonnage, nous avons un iPad Pro et des moniteurs Panasonic et Sony. L’image s’affichait partout de la même manière », raconte Mats Holmgren. « D’habitude, si vous avez trois écrans, vous obtenez trois résultats différents, surtout si vous élargissez le gamut. Avec le HDR Dolby Vision, l’image est toujours impeccable. Si vous avez un téléviseur [compatible Dolby Vision] chez vous, l’image sera la même que dans notre salle d’étalonnage. Je sais que l’œuvre est restituée correctement à tous les coups. C’est à la fois très important et très nouveau pour moi. 510 nits dans la salle d’étalonnage donnent 510 nits dans votre salon à la maison. En tant que professionnel, je trouve cela très gratifiant. »

Pour le directeur de la photographie Ulf Brantås, certains créateurs de programmes vont devoir adopter de nouvelles pratiques. « Nous utilisons de bons moniteurs SDR sur le plateau. Avec eux et le moniteur de forme d’onde, je peux juger de l’image et de l’exposition. Le calibrage est aussi très important. J’ai calibré mon propre moniteur dans la salle de Mats en utilisant les mêmes paramètres que lui. Et si vous pouvez apporter votre propre moniteur HDR sur le plateau, vous aurez alors un excellent point de repère. »
Il ajoute : « Lorsque vous louez sept ou huit moniteurs différents auprès d’une agence, ils sont tous calibrés différemment, car tout le monde a bidouillé tous les boutons. Il vous faut un point de référence pour permettre à l’étalonneur de faire son travail. C’est comme cela que l’on homogénéise le résultat. L’image professionnelle, l’image grand public, mais aussi l’ensemble du tournage, en dépendent. » Le HDR et le style Une fois le style défini et les tests réalisés, le tournage a pu débuter tout à fait normalement. « Nous avons réalisé une demi-journée de tests avec l’un des acteurs, en utilisant différents éclairages et différentes toiles de fond, puis quelques heures de nuit en extérieur – juste assez pour nous mettre à l’aise », raconte Ulf Brantås. Il ajoute que les possibilités du HDR sur une grande variété d’éclairages a permis certains choix artistiques. « Nous étions tous d’accord avec l’idée d’un style semi-documentaire. Donc sans trop d’effets de lumière. Les acteurs pouvaient se déplacer où ils voulaient à travers une pièce. La réalisatrice et les acteurs avaient tout le loisir d’ajouter leur propre touche. »

Frida Asp acquiesce : la richesse et l’originalité des plans en termes de composition et de mouvement ont ajouté une certaine épaisseur. « Nous ne voulions pas nous confiner aux dialogues. C’est une série très riche en dialogues, mais le public découvre aussi des choses à travers l’image. Cela a bien fonctionné », se réjouit-elle. En postproduction, Mats Holmgren explique que la vidéo a été étalonnée en HDR puis convertie en SDR. Et tout s’est très bien passé selon lui. « Ce qui est vraiment bien, c’est que je peux me concentrer sur le HDR qui rend une très belle image. Quand j’en ai presque fini avec le HDR, je commence à regarder la vidéo SDR, en jonglant entre les deux – 80 % HDR, 20 % SDR. En fin de compte, le SDR vient automatiquement. »
Si l’équipe de Love and Anarchy se dit parfaitement satisfaite de son expérience avec le HDR et Dolby Vision, ce n’est ni pour tel temps fort, ni pour telle scène d’anthologie qui ressort de la série. C’est même plutôt le contraire. Elle a su produire une expérience de qualité constante pour restituer l’intrigue avec style et panache, sans trop forcer le trait. « Je n’ai pas de scène préférée », nous confie la productrice Frida Asp. « Mais j’ai beaucoup aimé créer un monde réaliste, où il est possible de distinguer chaque détail – comme si vous regardiez par la fenêtre. Ce monde a de la profondeur, à l’image de l’intrigue elle-même. » Ulf Brantås insiste sur l’effet libérateur du HDR et de Dolby Vision, non seulement en termes de production, mais aussi dans leur façon de dévoiler certaines sensibilités suédoises inconnues d’un public international. « Le drame TV suédois évoquait jusqu’ici d’interminables traversées de ponts sous la pluie. Maintenant, nous l’avons notre rom-com suédoise, notre propre version d’un classique international – l’alliance d’Ingmar Bergman à une intrigue loufoque et fantasque, un brin puérile. Ce nouveau genre n’est pas près de disparaître. »