Les César offrent un triomphe à "Adieu les cons"

13 mars 2021
La comédie burlesque d'Albert Dupontel remporte sept trophées dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur.

La cérémonie des César s'est déroulée vendredi 12 mars au soir à l'Olympia. Diffusée en exclusivité, en clair et en direct sur Canal+, elle était présidée par Roshdy Zem tandis que Marina Foïs en était la maîtresse de cérémonie. Compte tenu de la situation sanitaire, n'étaient présents que les artistes nommés ainsi que les remettants qui ont dévoilés les lauréats plébiscités par les 4 292 votants de l'Académie. Le taux de participation était de 69,2%.

Nommé à douze reprises, le film d'Albert Dupontel, Adieu les cons, s'offre un véritable triomphe en raflant pas moins de sept récompenses dont celles des plus prestigieuses du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original. Le César des Lycéens lui a également été attribué. Un succès qui avait d'ores et déjà été annoncé par notre sondage auprès des exploitants et qui s'est donc vérifié.

Alors qu'il faisait figure de favori avec treize nominations, Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait, d'Emmanuel Mouret, ne remporte que le César de la meilleure actrice dans un second rôle qui revient à Émilie Dequenne. Il était un sérieux challenger avec huit nominations, le film de Caroline Vignal, Antoinette dans les Cévennes, s'impose dans la catégorie de la meilleure actrice où Laure Calamy est récompensée pour sa prestation. Nommé à six reprises, le documentaire de Sebastien Lifshitz, Adolescentes, est récompensé trois fois (meilleur documentaire, meilleur son, meilleur montage). Bien qu'il comptabilisait douze nominations, le film de François Ozon, Été 85, repart sans le moindre prix.

Un palmarès cohérent mais ...

À première vue, même si chacun peut se faire son opinion personnelle, ce palmarès semble cohérent. Il est a priori normal qu'une œuvre récompensée pour ses décors, sa photographie, son scénario et sa mise en scène (soit tout ce qui fait ou presque le sel du cinéma) soit également récompensée du prix du meilleur film. En cela, Adieu les cons est aussi le film qui aura su rassembler le plus largement comme en témoigne le prix des lycéens, les critiques élogieuses de la presse et l'engouement des professionnels. Sans oublier celui du public puisque le film a été vu par 720 000 spectateurs en seulement huit jours.

Pour autant, on peut néanmoins regretter que l'Académie peine à ce point à récompenser des artistes qu'elle invite régulièrement à sa table sans jamais lui accorder, au final, le moindre égard. Ainsi, après avoir attribué son neuvième et dixième César à Roman Polanski l'an dernier (pour l'adaptation et la réalisation de J'accuse), l'Académie a désormais remit à Albert Dupontel son troisième César du meilleur scénario (en comptant celui attribué pour l'adaptation d'Au Revoir Là-Haut) et son deuxième César du meilleur réalisateur. N'est-il pas étonnant d'honorer si régulièrement un artiste qui considère que la compétition n'a pas sa place dans l'art et qui ne se rend d'ailleurs jamais à ce genre d'événement ? Alors que pendant ce temps là, François Ozon, qui était nommé pour la sixième fois au César du meilleur réalisateur mais aussi du meilleur film et du meilleur scénario (ou adaptation), a une nouvelle fois été boudé par l'Académie alors qu'il a toujours été présent, lui, aux cérémonies où il était nommé.

Des audiences en chute libre

Du point de vue des audiences, les français ne se sont pas montrés particulièrement enthousiastes tant les chiffres sont en chute libre. Cette 46ème cérémonie a en effet enregistré l'un des scores les plus faibles de toute l'histoire des César, soit 1,643 million de téléspectateurs (9,1% de PdA) quand la précédente cérémonie en avait rassemblé 2,2 millions (12,4% de PdA). Les explications peuvent être nombreuses.

Déjà, inutile de dire que même s'il était important et légitime de maintenir cette cérémonie pour montrer que toute la filière faisait front, l'événement s’annonçait néanmoins complètement biaisé par le nombre incalculable de reports de films qui auraient probablement eu toute leur place ici (Slalom, Benedetta et Annette en premier lieu).

Par ailleurs, la sélection de l'an dernier recouvrait des enjeux éminemment politiques où concourraient des artistes engagés comme Ladj Ly et Céline Sciamma mais aussi Roman Polanski dont la présence avait heurtée les militant(e)s féministes. Cette année, bien que riche et de qualité compte tenu des circonstances, la sélection était néanmoins portée vers des œuvres plus légères.

La politique s'est surtout manifestée dans les prises de position et les déclarations de la maîtresse de cérémonie et de quelques autres intervenants. Si le ras le bol exprimé par la profession quant à la fermeture des salles et au manque de perspective apporté par le gouvernement peut être légitime, nul doute que la forme donnée à plusieurs interventions, qui ont parfois frappé bien en dessous de la ceinture, n'ont pas crédibilisé la filière dans ses revendications. Dans un contexte de pandémie qui frappe aussi durement la culture, une telle cérémonie se devait avant tout de redonner au public le goût et l'envie du cinéma. Compte tenu des audiences affichées, ce n'est pas gagné.

Meilleur film :

  • Adieu les cons, d’Albert Dupontel (Manchester Films - Gaumont)

Meilleure réalisation :

  • Albert Dupontel pour Adieu les cons (Manchester Films - Gaumont)

Meilleur scénario original :

  • Albert Dupontel pour Adieu les cons (Manchester Films - Gaumont)

Meilleure adaptation :

  • Stéphane Demoustier pour La Fille au bracelet (Petit Film – Le Pacte)

Meilleure actrice :

  • Laure Calamy dans Antoinette dans les Cévennes (Chapka Films – Diaphana)

Meilleure acteur :

  • Sami Bouajila dans Un Fils (Dolce Vita Films – Jour2Fête)

Meilleure actrice dans un second rôle :

  • Émilie Dequenne dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait (Moby Dick Films – Pyramide)

Meilleure acteur dans un second rôle :

  • Nicolas Marié dans Adieu les cons (Manchester Films - Gaumont)

Meilleur espoir féminin :

  • Fathia Youssouf dans Mignonnes (Bien ou Bien Productions – Bac Films)

Meilleur espoir masculin :

  • Jean-Pascal Zadi dans Tout simplement noir (Gaumont)

Meilleure musique originale :

  • Rone pour La nuit venue (Koro Films – Jour2Fête)

Meilleur son :

  • Yolande Decarsin, Jeanne Delplancq, Fanny Martin et Olivier Goinard pour Adolescentes, de Sébastien Lifshitz (Agat Films et Cie – Ad Vitam)

Meilleure photographie :

  • Alexis Kavyrchine pour Adieu les cons (Manchester Films - Gaumont)

Meilleur montage :

  • Tina Baz pour Adolescentes, de Sébastien Lifshitz (Agat Films et Cie – Ad Vitam)

Meilleurs costumes :

  • Madeline Fontaine pour La Bonne Épouse (Les Films du Kiosque – Memento)

Meilleurs décors :

  • Carlos Conti pour Adieu les cons (Manchester Films - Gaumont)

Meilleur premier film :

  • Deux, de Filippo Meneghetti (Paprika Films – Dulac Cinémas)

Meilleur film étranger :

  • Drunk, de Thomas Vinterberg (Haut et Court)

Meilleur court métrage :

  • Qu’importe si les bêtes meurent, de Sofia Alaloui (Envie de Tempête Productions)

Meilleur film d’animation :

  • Josep, d’Aurel (Les Films d’Ici Méditerranée – Dulac Cinémas)

Meilleur court métrage d’animation :

  • L’heure de l’ours, d’Agnès Patron (Sacrebleu Productions)

Meilleur documentaire :

  • Adolescentes, de Sébastien Lifshitz (Agat Films et Cie – Ad Vitam)