Au ciné comme à la télé, le public en pince pour Tolédano – Nakache

8 février 2021
L’emblématique duo d’auteur-réalisateur du cinéma populaire français (au sens noble du terme) s’offre des premiers résultats exceptionnels pour sa première série, En Thérapie. Retour sur la production d’une fiction atypique.
En Thérapie

Ils ont signé le deuxième plus grand succès du cinéma hexagonal (Intouchables : 19,5 millions d’entrées), également devenu le film français le plus vu à international. Depuis ce triomphe, Éric Tolédano et Olivier Nakache n’ont cessé de prouver leur capacité à raconter des histoires ancrées dans les problématiques sociales contemporaines, mais toujours sous le prisme de l’humour et de l’émotion. Le succès ne s’est jamais démenti comme l’ont prouvé Le Sens de la Fête (3 millions d’entrées – 10 nominations aux César) et Hors Normes (2 millions d’entrées – 8 nominations aux César). Les deux cinéastes ne font pas exception avec leur première série, En Thérapie, qui a été mise en ligne le jeudi 28 janvier 2021 sur arte.tv où elle cumule d’ores et déjà plus de 8 millions de vues. Les cinq premiers épisodes ont été diffusés sur Arte le 4 février dernier. Ils ont réuni  en moyenne 1,8 million de téléspectateurs et généré 8,3% de part d’audiences. Il s'agit du deuxième meilleur démarrage de la chaîne pour son rendez-vous séries du jeudi, après Dérapages en 2020.

Comment « franciser » une série multi-adaptée ?

En Thérapie est l’adaptation de la série israélienne Betipul, créée par Hagai Levi. On y suit les séances de psychanalyses de plusieurs personnages au lendemain des attentats du Bataclan. En découvrant l’œuvre originale, les dirigeantes de la société de production Les Films du Poisson, Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez, sont séduites par son écriture et son concept « saisissant ». Ce n’est qu’en mars 2015, alors que la série a d’ores et déjà été adaptée dans de nombreux pays, que les productrices initient une adaptation pour la télévision française lorsqu’elles rencontrent Éric Tolédano et Olivier Nakache, également très admiratifs du travail d’Hagai Levi. La première problématique consiste à proposer une adaptation qui puisse renouveler la série afin de séduire le public français et à trouver un diffuseur qui ne soit pas effrayé par le format peu commun du programme (35 x 26’) : « nous avons tout d’abord présenté le projet à France Télévisions et Canal+ qui l’ont refusés tous les deux, témoigne Yaël Fogiel. Notre rencontre avec Arte a heureusement changé la donne. Ils nous ont donné carte blanche malgré ce format complexe pour leur antenne qui ne dispose que d’une seule case de fiction, le jeudi soir. De plus, le directeur éditorial de la fiction de la chaine, Olivier Wotling, nous a fait part de la nécessité de « franciser » la série. C’est à ce moment là qu’Éric et Olivier ont eu l’idée de placer l’histoire au lendemain des attentats du Bataclan. Cela nous permettait de parler d’un traumatisme que nous avons tous ressentis et auquel les téléspectateurs français peuvent naturellement s’identifier ».

Un duo qui rassure les partenaires

Malgré une thématique assez sombre et complexe de prime abord, Les Films du Poisson ne tarde pourtant pas à s’entourer de nombreux et précieux partenaires tant le concept de la série originale a prouvé son succès partout à travers le monde via les multiples adaptations qu’il a connu. Sans compter la présence d’Éric Tolédano et Olivier Nakache qui a rassuré les investisseurs : « le huit clos, la psychanalyse, les attentats… Ces sujets peuvent faire peur mais le fait qu’ils soient abordés par deux auteurs d’une telle valeur a intrigué nos partenaires dont le soutien n’a jamais failli » s’enthousiasme Laetitia Gonzalez. En Thérapie est donc coproduit par Les Films du Poisson, Arte France, Fédération Entertainment et Ten Cinéma, la société d’Éric Tolédano et Olivier Nakache. La série bénéficie également du soutien de la région Île-de-France, de la Procirep, du CNC et des Soficas Cinémage 14, Cinéventure 5, Cofinova 16 et SG Image 2018.

Concernant l’âpreté apparente des thématiques abordées par cette fiction, les deux auteurs font le pari de pouvoir créer une série rythmée, malgré le fait qu’elle se déroule dans un décor unique, où les dialogues et les personnages puissent emporter le téléspectateur : « le dynamisme de la série provient notamment des comédiens qui apportent une grande profondeur à leurs échanges. Ils vous embarquent dans chacune de leurs histoires. Cette tension et cette dramaturgie étaient déjà présentes à l’écriture. C’était le principal défi mais aussi la première motivation d’Éric et Olivier, explique Yaël Fogiel. Ils souhaitaient créer une œuvre basée sur les silences, les regards, les échanges, les dialogues, et pas sur le mouvement. Ils voulaient prouver au public qu’il est possible de se laisser happer par une fiction sans action mais où des acteurs formidables, des dialogues ciselés et une mise en scène précise peuvent beaucoup apporter ».

Des recrues aux univers variés

En tant que showrunners de la série, Éric Tolédano et Olivier Nakache s’entourent de David Elkaïm et Vincent Poymiro pour l’écriture des 35 épisodes. Ils sont rejoints par Pauline Guéna, Alexandre Manneville et Nacim Mehtar qui aident à développer chacune des intrigues et psychanalyses dédiées à chacun des personnages. Bien que mettant en scène plusieurs épisodes, le duo tient également à s’entourer de réalisateurs aux univers très différents pour les accompagner tels que Pierre Salvadori, Nicolas Pariser et Mathieu Vadepied, également en charge de la direction artistique afin de veiller à une cohérence esthétique au fil des épisodes comme l’explique Laetitia Gonzalez : « Nous souhaitions collaborer avec des auteurs dont nous admirons le travail. Ils ont tous réagi très positivement à la lecture des scripts. Ils ont eu l’intelligence de jouer le jeu et de rentrer dans l’esprit de la « commande » en mettant en scène des histoires qu’ils n’avaient pas écrites, avec un casting et une équipe technique préétablis, mais en apportant néanmoins leur « patte » et leur sensibilité ».

Avec des prises de vues qui se sont déroulées entre octobre 2019 à mars 2020, le tournage d’En Thérapie a eu la chance de s’achever seulement quelques jours avant le début du premier confinement durant lequel les logiciels de montage ont été installés chez les monteurs afin d’achever la post production à temps pour respecter les délais de diffusion. La série se trouve en intégralité sur arte.tv jusqu’au 27 juillet 2021. Elle verra cinq de ses épisodes être diffusés tous les jeudis sur Arte jusqu’au 18 mars prochain.