Michel Piccoli, acteur phare du cinéma français, s’est éteint

18 mai 2020
L’acteur Michel Piccoli est décédé le 12 mai, à l’âge de 94 ans, dans son manoir à Saint-Philbert-sur-Risle (Eure), a fait savoir sa famille le 17 mai.

 

L’acteur Michel Piccoli est décédé le 12 mai, à l’âge de 94 ans, dans son manoir à Saint-Philbert-sur-Risle (Eure), a fait savoir sa famille le 17 mai par un communiqué transmis à l’AFP.

 

Né en 1925 à Paris, d’un père violoniste d’origine italienne Henri Piccoli et d’une pianiste française, Michel Piccoli a passé sa jeunesse dans un milieu artistique, dans le 13ᵉ arrondissement de Paris. Sa vocation de comédien lui vient à l’âge de 18 ans mais la Seconde Guerre mondiale suspend son rêve artistique. La guerre finie, Michel Piccoli fait ses débuts comme figurant au cinéma, en 1945, dans Sortilèges, de Christian-Jaque. Il suit l’enseignement de théâtre d’Andrée Bauer-Théraud puis intègre le cours Simon.

 

Il jouera son premier rôle dans Le Point du jour (1949), de Louis Daquin. À cette époque, c’est principalement au théâtre qu’il s’illustre, dans les compagnies Renaud-Barrault et Grenier-Hussenot. Il est aussi remarqué sur les écrans, notamment dans French Cancan (1954), de Jean Renoir.

 

Il se fera aussi un nom auprès du grand public dans les années 1960 avec des rôles dans des téléfilms populaires réalisés par Stellio Lorenzi (Sylvie et le fantôme), Marcel Bluwal (Tu ne m’échapperas jamais) et Jean Prat (l’Affaire Lacenaire). En 1956, il avait rencontré le réalisateur mexicain Luis Buñuel qui le dirigera dans La Mort en ce jardin (1956), Le Journal d’une femme de chambre (1964), Belle de jour (1967), La Voie lactée (1969), Le Charme discret de la bourgeoisie (1972), Le Fantôme de la liberté (1974) et Cet obscur objet du désir (1977, dans lequel l’acteur prête sa voix pour une doublure).

 

Les années 1960 seront pour Michel Piccoli le début de la consécration. Il s’impose dans Le Mépris (1963), de Jean-Luc Godard, au côté de Brigitte Bardot. Il sera ensuite un interprète remarquable sous la direction de René Clément (Paris brûle-t-il ?, 1966), Alain Resnais (La guerre est finie, 1966), Roger Vadim (La Curée, 1966), Alain Cavalier (La Chamade, 1968), Jacques Demy (Les Demoiselles de Rochefort, 1967) et Alfred Hitchcock (L’Etau, 1969).

 

Comme avec Luis Buñuel, il aura une collaboration suivie avec Marco Ferreri. De Dillinger est mort (1969) à Contes de la folie ordinaire (1982, doublure voix), ils se retrouveront pour sept films avec en point d’orgue le très controversé La Grande Bouffe (1973), qui fera scandale au Festival de Cannes. Les années 1970 seront pour Michel Piccoli celles de sa collaboration avec Claude Sautet qui le dirigera dans cinq films, dont Les Choses de la vie (1970), au côté de Romy Schneider, Max et les ferrailleurs (1971), et Vincent, François, Paul et les autres… (1974).

 

Il y aura aussi sa fidélité au réalisateur portugais Manoel de Oliveira, de Party (1996) à Belle toujours (2006), en passant par Je rentre à la maison (2001). Michel Piccoli choisira de donner leur chance à de jeune jeunes réalisateurs français parmi lesquels Jacques Doillon (La Fille prodigue, 1981) ou Leos Carax (Mauvais sang, 1986). Il retrouvera ce dernier, en 2012, pour Holy Motors.

 

En 1980, Michel Piccoli reçoit le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes pour son rôle de juge désaxé dans Le Saut dans le vide, de Marco Bellocchio, et un Ours d’argent du meilleur acteur, en 1982, pour Une étrange affaire, de Pierre Granier-Deferre. Mais il n’obtiendra jamais de César malgré plusieurs fois nominations et ses prestations dans Milou en mai, de Louis Malle (1990), ou La Belle Noiseuse, de Jacques Rivette (1991).

 

Il aura l’honneur de voir son second film derrière la caméra, La Plage noire (2001), après Alors voilà (1997), présenté au Festival de Cannes. Il réalisera son troisième long métrage C’est pas tout à fait la vie dont j’avais rêvé en 2005.

 

La présidente de l'Académie des César, Margaret Menegoz, a tenu à rendre hommage au comédie disparu : "Figure emblématique du cinéma et du théâtre, Michel Piccoli était un comédien grandiose, un travailleur méticuleux, bourré de charme et d’élégance, qui s’est également essayé à la réalisation et à la production au cours de ses 70 ans de carrière. Il était un véritable monstre sacré. Au-revoir "Monsieur Dame"… nous vous aimerons pour toujours. Nous adressons nos plus affectueuses pensées à tous ses proches."