Ecran total Le Quotidien

№4646 • mercredi 22 janvier 2025

À la une

EXCLUSIF

Les chaînes françaises ont investi 310 M€ dans les préachats cinéma en 2024

Les chaînes de télévision ont encore contribué de façon importante au financement du cinéma français en 2024. Les montants investis en préachats par les diffuseurs linéaires, gratuits et payants, atteignent 310,3 M€ (hors plateformes de SVOD), selon les informations fournies par les chaînes à Ecran total. Pour rappel, sur les films agréés par le CNC en 2023, les diffuseurs (chaînes et plateformes) contribuaient à hauteur de 34 % des devis, une part au plus haut depuis 2015.

Les équilibres ne sont pas bouleversés, puisque le groupe Canal+ reste le premier financeur du cinéma français. Sur ses 205 M€ d'investissements, la chaîne consacre 140 M€ aux préachats de la chaîne Canal+, et 30,04 M€ à ceux du nouveau bouquet Ciné+ OCS.

Du côté des chaînes gratuites, l'année 2024 est marquée par une légère baisse des apports des chaînes privées - indexés sur les chiffres d'affaires - et par une hausse de ceux des chaînes publiques.

Montants investis en préachats cinéma (en millions d'euros) :

Chaîne20242023
TF13844,5
France Télévisions66,363,2
dont France 238,737,9
dont France 323,923
dont préachats groupe3,72,3
Arte10,19,6
M624,527
Total chaînes gratuites138,9144,3
EXCLUSIF

Le Top 10 des audiences en replay la semaine du 6 janvier 2025

Ecran total publie désormais chaque semaine le classement des meilleures audiences de la semaine en replay. L'objectif est de mettre en avant les programmes inédits diffusés en prime-time sur les chaînes historiques qui sont le plus visionnés sur les plateformes, que ce soit avant leur diffusion linéaire ou dans les sept jours qui ont suivis. Ce mercredi, découvrez le classement des programmes diffusés entre le lundi 6 et le dimanche 12 janvier 2025.

La fiction en force lors de cette deuxième semaine de l'année. D'abord avec la série Rivages (Mintee Studio -Thalie Images/Beside Productions) dont le lancement, malgré une audience veille en-dessous de sa concurrente Erica sur TF1, arrive en tête du replay. L'épisode 2 de Rivages, sur la deuxième marche du podium, confirme l'engouement pour la série qui était cependant disponible depuis le 26 décembre sur la plateforme France.tv. Pour compléter le classement, Érica (Potomak Films) s'impose.

Au pied du podium, un nouvel épisode de César Wagner (Incognita) vient s'intercaler avec le deuxième épisode d'Erica. Puis c'est au tour de la saison 2 de Panda (Superprod Drama) de TF1, épisode 2 puis 1, de se faire une place dans le classement, avant de laisser France 3 s'imposer avec Poulets grillés (Scarlett Production/Mother Production). À la dixième place, Le Bigdil de Vincent Lagaf, programmé sur RMC Story, vient confirmer la belle surprise de son retour à l'antenne.

ProgrammeChaîneAudience non-linéaireAudience consolidéeAudience veille
Rivages ép.1France 2+ 1,790 M4,716M2,926 M
Rivages ép.2France 2+ 1,724 M4,479 M2,755 M
Erica ép.1TF1+ 1,094 M5,234 M4,140 M
César WagnerFrance 2+ 997 K4,978 M 3,981 M
Erica ép.2TF1+ 950 K4,461 M3,511 M
Panda ép.2TF1+ 853 K3,674 M2,821 M
Panda ép.1TF1+ 807 K4,363 M3,556 M
Poulets grillésFrance 2+ 703 K4,414 M3,711 M
Elsbeth ép.1TF1+ 675 K4,520 M1,8 M
BigDilRMC Story+ 547 K2,3 M1,753 M
DÉCRYPTAGE

Les défis qui attendent l’Arcom

La vie c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber.” C’est en citant Forrest Gump que Roch-Olivier Maistre, encore président de l’Arcom jusqu’à la fin du mois, a entamé ses vœux pour l’année 2025 emprunts d’émotions. “Et je me dis qu’en définitive j’aurais eu la main plutôt heureuse et beaucoup de chance”, a-t-il assuré, lundi 20 janvier, au musée du quai Branly - Jacques Chirac.

Roch-Olivier Maistre a dressé le bilan de ses six années à la tête du régulateur, CSA, devenu Arcom le 1er janvier 2022, lors de la fusion avec Hadopi. “L’Arcom s’impose désormais, non comme un simple gendarme, mais comme une autorité de régulation moderne, reconnue et respectée en Europe”, s’est-il enthousiasmé avant de rappeler “son indépendance et sa légitimité”. 

Et de rappeler que le régulateur a su “accompagner” les médias dans leurs mutations, avant de lister quelques défis qui attendent Martin Ajdari, officiellement désigné comme son successeur par le Parlement en décembre. “Je sais que la maison sera entre de bonnes mains et qu’il aura à cœur non seulement de conforter l’institution mais surtout de lui donner un nouvel élan”, a-t-il assuré.

  • La liberté de l’Arcom trop souvent questionnée

À travers les interventions auprès de l’Autorité, j’ai parfois vu s’exprimer des positions à l’emporte-pièce. Et j’ai perçu la tentation chez certains de faire jouer à l’Arcom un rôle qui n’est pas et ne doit pas être le sien”, a soutenu Roch-Olivier Maistre. Il a tenu à rappeler que le régulateur n’est pas une “police de la pensée” ou “un tribunal d’opinion”. Les décisions de l’Arcom, notamment lorsqu’il s’agissait des sanctions émises à l’encontre de Cyril Hanouna sur C8 et Europe 1, ont fréquemment été qualifiées de censure ou décrites comme partisanes. 

Il poursuit donc en expliquant : “avec la loi de 1881 sur la liberté de la presse et la loi de 1986 sur la liberté de communication, la régulation des médias écrits et audiovisuels repose dans notre pays sur un équilibre subtil et précieux entre liberté et responsabilité. Veillons ensemble à préserver cet héritage sans prix.

  • La pluralité des éditeurs, une “question est centrale pour notre démocratie”

Entre la concentration des médias dans les mains d’une poignée de personnes et l'explosion des plateformes numériques, dont certaines sont ouvertement partisanes, comme c’est le cas de X et de Donald Trump, la pluralité des acteurs est “centrale pour notre démocratie”, a relevé Roch-Olivier Maistre. “Il en va de la pluralité des éditeurs, pour éviter les concentrations dans quelques mains, et de la concurrence des idées, pour garantir la vitalité du débat public”, a indiqué l’ancien magistrat à la Cour des comptes. 

Selon lui, il faudra donc être vigilant “à la robustesse du modèle économique de nos médias”. Et si l’Union européenne a traité de la question dans le règlement sur la liberté des médias et que la France s’est penché dessus lors des États généraux de l’information, “il y a aujourd’hui une forme d’urgence à agir”, selon le haut-fonctionnaire.

  • Endiguer la défiance envers les médias

“Comment laisser perdurer et prospérer la défiance de nos concitoyens à l’égard des médias, la fatigue informationnelle quand ce n’est pas désormais l’exode informationnel”, a-t-il questionné. Ce point là ne concerne pas seulement l’Arcom, mais l'ensemble des acteurs des médias et de l’audiovisuel qui se devront de “mieux représenter la France dans toute sa diversité, dans toute sa réalité, dans toute sa complexité”, sans oublier la rigueur et le pluralisme des opinions, de nouveau encadré par une délibération de l’Arcom en juillet dernier. “La tâche reste immense”, a conclu Roch-Olivier Maistre. C’est une certitude.

FOCUS

Catherine Alvaresse fête sa première année à la tête de KM et détaille ses projets

Au sortir de France Télévisions, elle s'est vue offrir une carte blanche par Alexia Laroche-Joubert, présidente de Banijay France, sous réserve, sans surprise, "que ça marche", retient Catherine Alvaresse. La consigne : placer KM et donc Banijay sur l'échiquier du documentaire français. L'entreprise avait déjà marquer le secteur avec la série documentaire Raël : le dernier prophète présentée au Fipadoc 2024.

En un an, la productrice a impulsé une vive dynamique, épaulé par Patrice Gellé qui la rejoint au printemps 2024, fort d'une riche expérience en coproductions internationales, quittant ainsi Bleu Kobalt où il a produit, entre autres, dans les derniers temps, Tour Eiffel, le rêve d'un visionnaire, distribué à l'international par France TV Distribution et prix de l'export Unifrance 2024. Et l'équipe nouvellement constituée - Catherine Alvaresse a monté toute une unité de production documentaire - n'a pas lésiné sur le volume : à ce jour, elle s'apprête à livrer sept productions, et en compte une quinzaine en développement.

L'année 2025 commence fort pour la société avec un ambitieux prime de 90' pour France 2, Anne Frank, journal d’une adolescente. "Nous le produisons avec l'Allemagne (diffusion prévue sur la 3Sat-ZDF, NDLR), précise Catherine Alvaresse dans un entretien à paraître dans Ecran total. Dans cette ambition toujours plus internationale, nous bénéficions d'ailleurs de préachats à l'étranger : en Belgique avec RTBF, Israël, et nous sommes en discussion avec d'autres. Ils seront annoncés le moment venu."

Un gros pari pour la société de production avec des ambitions formelles auxquelles la productrice tient : "Comment transmettre à l'ensemble des publics mais surtout aux générations les plus jeunes l’histoire d’Anne Frank? La première étape, très difficile, a été d'acquérir les droits exclusifs du Journal dans lequel Anne Franck se raconte. Et il y manque le contexte. Par truchement, nous avons ajouté des couches. De la fiction, non dialoguée, de l'archive. Anne Frank écrit à une amie imaginaire que l'on a fait exister à travers cinq jeunes filles d'aujourd'hui. L'équipe éditoriale de France Télévisions est extrêmement heureuse de ce dispositif."

Un autre projet, un 2x52', devrait aussi être diffusé sur les antennes de France Télévisions en deuxième partie de soirée, sur l'équipe féminine de France de football, Devenir Bleues, une immersion avec accès exclusif. "Arte diffusera, en prime, une autre de nos productions en fin d'année. Et encore un autre pour Ushuaïa TV, liste celle qui fut patronne des documentaires de France Télévisions. Je pense aussi à un Infrarouge ultramarin, au format 70', que l'on vient de terminer sur l'île de la Réunion. Nous avons travaillé avec une productrice réunionnaise, une super expérience. Et, bien sûr, nous continuons les développements et les discussions avec tous les diffuseurs, y compris des plateformes, Netflix, HBO Max… Mais, pour l'instant, rien de signé." Tout projet qui permet de l'innovation formelle intéresse Catherine Alvaresse et son équipe qui attendent aussi une série qui ne soit pas du true crime, contemporaine, décorrélé d'un anniversaire, autour d'un événement revisité qui parlerait à tous. L'un de ses exemples-phares, DJ Mehdi : Made in France, même si elle a conscience de l'accès unique de l'auteur à son sujet. Avis aux créateurs.

PLAN DE FINANCEMENT

“Apprendre”

Découvrez le montage financier du documentaire de Claire Simon, produit par Les Films Hatari.
Lire le devis et plan de financement.

L’actualité du secteur

PRODUCTIONS

Newen Studios change de nom et s’affirme sur le cinéma

Un virage décisif ? Dans un entretien accordé au Figaro paru ce mardi 21 janvier, Pierre Branco, directeur général de Studio TF1 (Plus belle la vie, Ici tout commenceLe Mag de la santé...), annonce que sa société change de nom et ajuste sa stratégie. La filiale de Bouygues ne s'appellera donc plus Newen Studios mais Studio TF1 à partir du mois de mars. Le but ? Être mieux "identifiée sur la scène internationale" et "apporter une vision claire au marché", à l'image de BBC Studios et ITV Studios, qui ont réuni leurs activités de production.

"Le besoin de réassurance est fort, alors que règne un climat d’inquiétude sur la capacité des producteurs à mener les projets à leur terme. Studio TF1 renvoie à l’image d’un acteur solide, d’un groupe puissant et ambitieux", justifie l'ancien patron de Warner Bros. Discovery France. Et de rassurer : cette transformation "ne changera rien à nos métiers et à la façon dont nous travaillons avec nos clients. Notre force repose sur la diversité de nos différentes entités de production, qui conserveront leur autonomie, leur spécificité et leurs clients."

Doubler le nombre de films

En outre, Studio TF1 veut "se renforcer dans le cinéma" dans les années à venir. Le groupe compte déjà des titres cultes comme Le Nom de la rose, La Leçon de piano, L’Homme de Rio, Le Salaire de la peur ou La Môme dans son catalogue. "En 2025, sept films que nous avons produits, coproduits ou distribués sortiront en salles", précise Pierre Branco, citant Jouer avec le feu de Delphine et Muriel Coulin ou Natacha de Noémie Saglio. 

"Au-delà de 2025, nous avons le projet de doubler le nombre de films produits. Nous espérons atteindre douze à quinze films à l’horizon 2027. Il s’agira principalement de grandes comédies françaises fédératrices, avance-t-il auprès du quotidien. Nous proposerons également des films d’animation, des films d’auteur ainsi que du cinéma international, un genre que nous voulons explorer à travers de coproductions internationales".

Studio TF1 va par ailleurs créer une nouvelle activité de distribution en salles, qui ne sera pas uniquement destinée à ses propres films. "Cette décision est liée avant tout à notre accélération dans la production de films, qui représente un enjeu économique. La première fenêtre d’exploitation d’un film, la salle, a un énorme impact sur la vie future d’une œuvre. Il est important de pouvoir la contrôler. Ce lancement répond par ailleurs à une logique d’accès aux talents", explique-t-il.

Côté audiovisuel, Studio TF1 s'apprête à coproduire cette année un nouveau feuilleton avec Netflix, Tout pour la lumière, après avoir déjà lancé Plus belle la vie, Demain nous appartient et Ici tout commence. 

INSTITUTIONNEL

La base de données Opus recense les dispositifs de promotion des œuvres européennes dans l’UE

L’Observatoire européen de l’audiovisuel met gratuitement à disposition en ligne une nouvelle base de données baptisée Opus qui recense les dispositions en vigueur dans chaque pays de l’Union européenne (UE) pour promouvoir les œuvres européennes. La législation audiovisuelle européenne prévoit un certain nombre de mesures visant à promouvoir les films, les séries et les programmes télévisés produits dans l’UE. Il s’agit de la directive Services de médias audiovisuels (directive SMA), dont les articles 13 (1, 2 et 6), 16 et 17 comportent des dispositions spécifiques sur la promotion des œuvres européennes et indépendantes. La base de données Opus offre de découvrir comment les différents pays européens ont intégré ces règles dans leur droit audiovisuel national et quelles sont les différentes approches nationales.

La base de données permet d’effectuer les recherches suivantes : comment sont appliqués les articles de la directive SMA dans chaque pays ? Quels sont les quotas applicables aux services de VàD et aux services linéaires dans chaque pays ? Où peut-on trouver le texte de la législation nationale concernant chaque article ?

Justine Radel-Cormann est responsable d’Opus

La base Opus couvre tous les pays de l’UE ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni. Elle permet également d’exporter un aperçu de toutes les mesures en vigueur dans chaque pays sous forme d’un tableau Excel. Opus contient également des liens vers chaque législation nationale dans la langue du pays concerné.

La base de données Opus est librement accessible en ligne.

La responsable Opus est Justine Radel-Cormann. Elle contribue aux publications juridiques de l’Observatoire. Au sein du département Informations juridiques, elle coordonne des projets financés par l’UE et collabore avec des experts externes pour la réalisation des cartographies détaillant les transpositions nationales de la directive SMA. Grâce à ses expériences passées, Justine Radel-Cormann suit également les développements politiques de l’Union européenne touchant le thème de l’audiovisuel.

Le CNC a soutenu sept films distribués le 22 janvier

Parmi les films à l’affiche ce mercredi 22 janvier, le CNC a accordé des aides à sept d’entre eux, dont le documentaire Château rouge, d’Hélène Milano, et le long métrage la Voyageuse, de Hong Sang-soo, avec Isabelle Huppert :

  • Brûle le sang, d’Akaki Popkhadze (produit par Adastra Films – distribué par ARP Sélection) : avance sur recettes avant réalisation, aide sélective à la distribution (aide au programme 2024), aide à la création de musiques originales, aide au développement de longs métrages
  • Château rouge, d’Hélène Milano (TS Productions – Dean Medias) : Fonds d’aide à l’innovation documentaire (aide au développement renforcé), aide sélective à la distribution (aide au film par film 2024), fonds Images de la diversité (aide à l’écriture en 2022 et aide à la production en 2023)
  • Jane Austen a gâché ma vie, de Laura Piani (Les Films du Veyrier et Sciapode – Paname Distribution) : avance sur recettes après réalisation, aide sélective à la distribution (aide au programme 2024)
  • Jouer avec le feu, de Delphine et Muriel Coulin (Curiosa Films et Felicita Films – Ad Vitam) : avance sur recettes après réalisation
  • On the Go, de Julia de Castro et Maria Gisèle Royo (Jur Jur Productions – Outplay Films) : aide à l’édition vidéo (aide au programme éditorial)
  • Toutes pour une, de Houda Benyamina (Easy Tiger – UGC Distribution) : avance sur recettes avant réalisation
  • La Voyageuse, de Hong Sang-soo (Jeonwonsa Film – Capricci Films) : aide sélective à la distribution (aide au programme 2024)

Pour les syndicats : « Il est urgent de réguler l’IA dans le doublage »

Une intersyndicale réunissant le SFA-CGT, le Snapac-CFDT, le SNLA-FO, le Snaj-CFTC, le Sia-Unsa et Les Voix.fr alerte après la diffusion par la société américaine d’IA générative ElevenLabs de la bande annonce en version française du long métrage d’Armor, prochain film de Sylvester Stallone, avec la voix clonée d’Alain Dorval, acteur français décédé, et dont les ayants droit n’ont pas autorisé son utilisation. Les syndicats jugent qu’il s’agit d’une provocation pour la communauté française du doublage et pour le public. Les ayants droit ont obtenu le retrait par ElevenLabs de cette publication, notamment parce qu’ils ont jugé le résultat peu convaincant. De son côté, Amazon Prime, en qualité de producteur, a confirmé par voie de presse que la version française du film, prévue pour sortir au mois de mars, sera entièrement réalisée par des interprètes humains. Pour l’intersyndicale, cet épisode démontre « la réalité de la menace pour l’emploi des artistes et de toute la filière ».

L’intersyndicale pointe que les plateformes de doublage automatique IA sont le plus souvent installées en dehors de l’Union européenne et qu’elles entraînent leurs algorithmes avec des œuvres audiovisuelles sans le consentement des titulaires des droits et sans respect de la réglementation sur les données personnelles sensibles, que sont la voix et le visage d’un artiste.

« Si nous ne régulons pas rapidement l’usage de l’IA dans le doublage et sa diffusion, en exigeant comme préalable une conformité des outils avec le Règlement sur l’intelligence artificielle européen (RIA), les droits d’auteur, les droits voisins et le droit des données personnelles (RGPD), c’est l’immense majorité des œuvres – fictions, documentaires ou programmes à destination de la jeunesse – qui, d’ici peu, seront doublées par des robots depuis l’étranger. L’impact serait terrible : 15.000 emplois en France, dont 5.000 artistes interprètes, sont menacés, sans prendre en compte la perte en termes de richesse et de diversité culturelle. Et après le doublage, ce sera au tour des artistes à l’image ! »

L’intersyndicale SFA-CGT, Snapac-CFDT, SNLA-FO, Snaj-CFTC, Sia-Unsa, Les Voix.fr.

L’intersyndicale expose qu’elle a des propositions « simples et concrètes » en matière de respect du consentement et, à défaut d’interdiction, de transparence sur l’utilisation de nos données, d’étiquetage des contenus, de conditionnalité des aides publiques, à présenter tant aux commanditaires de doublage qu’aux pouvoirs publics, afin d’encadrer l’utilisation de ces technologies, dans le respect des artistes et de leurs droits et ce, afin d’assurer l’avenir de leur métier, de leurs emplois et de leur savoir-faire.

PROGRAMMATION

Le Pacte date « le Mélange des genres », primé à l’Alpes d’Huez

La comédie le Mélange des genres, réalisée par Michel Leclerc, sera à l’affiche le 16 avril. Écrit par Michel Leclerc et Baya Kasmi, le long métrage est produit par Muriel Meynard, pour Agat Films – Ex Nihilo, en coproduction avec Pochette Surprise et France 2 Cinéma. Son casting réunit Léa Drucker, Benjamin Lavernhe, Melha Bedia, Judith Chemla, Vincent Elbaz et Julia Piaton. Benjamin Lavernhe a décroché le Prix d’interprétation masculine pour sa prestation lors du 28ᵉ Festival de comédie de l’Alpe d’Huez.

Simone, une flic aux idées conservatrices, est infiltrée dans un collectif féministe, les « Hardies ». Elle enquête sur les militantes qu’elle soupçonne de complicité dans le meurtre d’un mari violent. À leur contact, Simone s’ouvre progressivement aux idées féministes. Seulement voilà, sa couverture est mince. Et les « Hardies », devinant qu’il y a une taupe parmi elles, se mettent à la soupçonner. Pour détourner l’attention et se sortir de ce mauvais pas, Simone ne trouve rien de mieux que d’accuser au hasard un homme de l’avoir violé. Or, Paul, cet homme qu’elle accuse, un comédien raté qui vit dans l’ombre de sa femme, est le plus doux et le plus inoffensif des hommes. Simone, catastrophée de ce qu’elle a fait, tente de réparer sa faute, mais c’est trop tard : l’accusation devient publique et Paul une cible du collectif.

ÉVÉNEMENTS

Berlinale 2025 : la Compétition dévoilée

Le Festival de Berlin a dévoilé ce mercredi 21 janvier la liste des films en compétition pour l'Ours d'or. 19 titres sont en lice, dont les nouveaux films de réalisateurs habitués des grands festivals, comme Richard Linklater, Michel Franco, Hong Sangsoo et Radu Jude.

Côté cinéma français, pas moins de cinq films (productions majoritaires ou minoritaires) figurent dans la Compétition, dont Ari, le nouveau long métrage de Léonor Serraille, ou La Tour de Glace de Lucile Hadžihalilović. La cinéaste suisse Lionel Baier présentera quant à lui La cache, qui met en scène Michel Blanc dans son dernier rôle au cinéma.

Cette 75e édition, la première sous la direction de Tricia Tuttle, voit également l'arrivée de la section parallèle Perpectives, où seront présentées plusieurs productions françaises, dont Le rendez-vous de l'été de Valentine Cadic.

Le Festival de Berlin se déroule du 13 au 23 février.

Les titres en Compétition :

Ari – Léonor Serraille (France / Belgique)
Blue Moon – Richard Linklater (États-Unis / Irlande)
La cache (The Safe House) – Lionel Baier (Suisse / Luxembourg / France)
Dreams – Michel Franco (Mexique)
Drømmer (Dreams (Sex Love)) – Dag Johan Haugerud (Norvège)
Geu jayeoni nege mworago hani (What Does that Nature Say to You) – Hong Sangsoo (Corée du Sud)
Hot Milk – Rebecca Lenkiewicz (Royaume-Uni)
If I Had Legs I'd Kick You – Mary Bronstein (États-Unis)
Kontinental '25 – Radu Jude (Roumanie)
El mensaje (The Message) – Iván Fund (Argentine / Espagne)
Mother's Baby – Johanna Moder (Autriche / Suisse / Allemagne)
Reflet dans un diamant mort (Reflection in a Dead Diamond) – Hélène Cattet et Bruno Forzani (Belgique / Luxembourg / Italie / France)
Sheng xi zhi di (Living the Land) – Huo Meng (Chine)
Strichka chasu (Timestamp) – Kateryna Gornostai (Ukraine / Luxembourg / Pays-Bas / France)
La Tour de Glace (The Ice Tower) – Lucile Hadžihalilović (France / Allemagne)
O último azul (The Blue Trail) – Gabriel Mascaro (Brésil / Mexique / Chili / Pays-Bas)
Was Marielle weiß (What Marielle Knows) – Frédéric Hambalek (Allemagne)
Xiang fei de nv hai (Girls on Wire) – Vivian Qu (Chine)
Yunan – Ameer Fakher Eldin (Allemagne / Canada / Italie / Palestine / Qatar / Jordanie / Arabie Saoudite)

Les titres de la section Perspectives :

Al mosta'mera (The Settlement) – Mohamed Rashad (Égypte / France / Allemagne / Qatar / Arabie Saoudite)
Baksho Bondi (Shadowbox) – Tanushree Das, Saumyananda Sahi (Inde / France / États-Unis / Espagne)
BLKNWS: Terms & Conditions – Kahlil Joseph (États-Unis)
Come la notte (Where the Night Stands Still) – Liryc Dela Cruz (Italie / Philippines)
El Diablo Fuma (y guarda las cabezas de los cerillos quemados en la misma caja) (The Devil Smokes (and Saves the Burnt Matches in the Same Box)) – Ernesto Martínez Bucio (Mexique)
Duas vezes João Liberada (Two Times João Liberada) – Paula Tomás Marques (Portugal)
Hé mán (Eel) – Chu Chun-Teng (Taïwan)
How to Be Normal and the Oddness of the Other World – Florian Pochlatko (Autriche)
Kaj ti je deklica (Little Trouble Girls) – Urška Djukić (Slovénie / Italie / Croatie / Serbie)
Mad Bills to Pay (or Destiny, dile que no soy malo) – Joel Alfonso Vargas (États-Unis)
Minden Rendben (Growing Down) – Bálint Dániel Sós (Hongrie)
Mit der Faust in die Welt schlagen (Punching the World) – Constanze Klaue (Allemagne)
On vous croit (We Believe You) – Arnaud Dufeys, Charlotte Devillers (Belgique)
Le rendez-vous de l'été (That Summer in Paris) – Valentine Cadic (France)

La cérémonie Lumières de la presse internationale sacre « Emilia Pérez »

Les Lumières de la presse internationale distinguent chaque année les meilleurs films et talents du 7ᵉ art français. Les Prix sont décernés par les membres de l’Académie des Lumières, correspondants de la presse internationale issus de 38 pays. La 30ᵉ cérémonie de remise des Prix Lumières s’est déroulée lundi 20 janvier, au Forum des Images (Paris Iᵉʳ).

Le cinéaste Jacques Audiard domine largement le palmarès cette année avec son long métrage Emilia Pérez qui rafle les distinctions des catégories meilleur film, meilleure mise en scène, meilleur scénario, meilleure actrice (Karla Sofía Gascón) et meilleure musique (Camille et Clément Ducol). Le réalisateur établit un nouveau record dans l’histoire des Prix Lumières en remportant le titre de meilleur film pour la troisième fois (après 2006 et 2019) et celui de la meilleure mise en scène pour la quatrième fois (après 2010, 2013 et 2019).

Abou Sangare est sacré meilleur acteur pour l’Histoire de Souleymane, de Boris Lojkine. Vingt dieux, de Louise Courvoisier, reçoit deux trophées : meilleur premier film et révélation masculine avec Clément Faveau. Le film Dahomey, de Mati Diop, est couronné meilleur documentaire et Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, de Gints Zilbalodis, meilleur film d’animation. Les graines du figuier sauvage, du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, est distingué comme la meilleure coproduction internationale.

Le palmarès

  • Meilleur film : Emilia Pérez, de Jacques Audiard
  • Meilleure mise en scène : Jacques Audiard pour Emilia Pérez
  • Meilleur scénario : Jacques Audiard pour Emilia Pérez
  • Meilleur documentaire : Dahomey, de Mati Diop
  • Meilleur film d’animation : Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, de Gints Zilbalodis
  • Meilleure actrice : Karla Sofía Gascón pour Emilia Pérez
  • Meilleur acteur : Abou Sangare pour l’Histoire de Souleymane
  • Révélation féminine : Ghjuvanna Benedetti pour le Royaume
  • Révélation masculine : Clément Faveau pour Vingt dieux
  • Meilleur premier film : Vingt dieux, de Louise Courvoisier
  • Meilleure coproduction internationale : les Graines du figuier sauvage, de Mohammad Rasoulof
  • Meilleure image : Nicolas Bolduc pour le Comte de Monte-Cristo
  • Meilleure musique : Camille et Clément Ducol pour Emilia Pérez

Le Festival du film francophone d’Angoulême date sa 18ᵉ édition

Marie-France Brière et Dominique Besnehard, délégués généraux du Festival du film francophone d’Angoulême (FFA), ont annoncé, mardi 21 janvier, que la 18ᵉ édition du Festival aura lieu du 25 au 30 août. Il s’agit d’un changement de calendrier puisque le FFA débutera un lundi et se clôturera un samedi soir – la rentrée scolaire ayant lieu dès le lundi 1ᵉʳ septembre.

Le Festival du film francophone d’Angoulême célèbre chaque année, en août, le cinéma francophone dans la préfecture de la Charente. Dans les salles ou sur les places publiques, les films et leurs spectateurs envahissent pour l’occasion la cité des Valois, Angoulême. Grâce à ses créateurs, Marie-France Brière et Dominique Besnehard, le Festival défend un cinéma populaire et subtil qui enthousiasme les professionnels comme les amateurs, les néophytes comme les cinéphiles. L’événement est soutenu par des partenaires historiques que sont la Ville d’Angoulême, le GrandAngoulême, le département de la Charente, la région Nouvelle-Aquitaine, la Chambre de commerce et d’industrie de Charente, le cinéma CGR d’Angoulême et le CNC – et des partenaires privés.

CARNET

Disparition de Bertrand Blier

Né en 1939 à Boulogne-Billancourt, il est le fils du comédien Bernard Blier. Dialoguiste hors pair, adepte d’un humour noir et cru, il est l’auteur d’une vingtaine de films réalisés de 1963 à 2019. Bertrand Blier a marqué le cinéma des années 1970 et 1980 avec les films les Valseuses, Buffet froid et Tenue de soirée. Il a remporté l’Oscar du meilleur film étranger en 1979 avec Préparez vos mouchoirs et, l’année suivante, le César du meilleur scénariste pour Buffet froid. Son nom restera associé à celui de l’acteur Gérard Depardieu, dont il a fait décoller la carrière en 1974 dans les Valseuses, aux côtés de Patrick Dewaere et Miou-Miou. Le réalisateur collaborera avec Depardieu pour sept autres films. Bertrand Blier reçoit le Grand Prix du jury au Festival de Cannes et trois César avec Buffet froid (en 1980), Notre histoire (en 1985) et Trop belle pour toi (en 1990).

Les années 1990 et 2000 seront moins fastes, à l’exception du Bruit des glaçons (2009), avec Jean Dujardin en tête d’affiche et Albert Dupontel, qui séduira 740.000 spectateurs, très loin des près de 6 millions des Valseuses.

« J’apprends avec beaucoup de tristesse la disparition de Bertrand Blier. Il était un dialoguiste de génie, dans la lignée des Prévert et des Audiard, a réagi la ministre de la Culture, Rachida Dati. Bertrand Blier était un cinéaste immense et anticonformiste, un amoureux fou de la liberté de créer. »

La Ficam rend hommage à Daniel Colland

La Ficam (Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia) a indiqué, mardi 21 janvier, avoir appris avec tristesse la disparition de Daniel Colland, président fondateur du laboratoire Cinédia, « dont la carrière est marquée par un dévouement sans faille à son métier d’entrepreneur passionné de cinéma, pionnier dans le domaine du développement et du tirage de films argentiques ».

Né en 1937 à Epinay-sur-Seine, la Ficam rappelle que Daniel Colland avait débuté sa carrière professionnelle chez Eclair Laboratoire dans sa ville de naissance, avant de rejoindre le laboratoire Vitfer, qu’il a contribué à développer, avant de créer sa propre structure Cinédia et Tirélios. Cinédia se démarquera rapidement dans le domaine du marché publicitaire. À partir de 1986, Cinédia, aux côtés des laboratoires Neyrac, devient l’un des laboratoires de référence du Plan nitrate lancé par le CNC. En 1991, il prend en charge le laboratoire Color City à Champigny-sur-Marne.

En 2011, Daniel Colland représente la Ficam au jury de la Caméra d’or du Festival de Cannes, témoignant de son implication active au sein de la Fédération. En 2019, il passe le flambeau à une nouvelle équipe, marquant la transition vers l’ère de Color Films Archives. « Dévoué à transmettre son savoir aux générations futures, le legs de Daniel Colland perdure, tandis qu’une nouvelle équipe continue l’aventure sous son illustre enseigne », commente la Ficam. En 2021, Daniel Colland est promu au grade de commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres.

La Ficam a salué sa mémoire en transmettant ses pensées à sa famille et en particulier à ses filles, ainsi qu’à ses proches. Les obsèques de Daniel Colland auront lieu ce mercredi 22 janvier. À 10 heures, sera célébrée une messe à l’église des Missions d’Épinay, puis à 11 h 30 aura lieu l’inhumation au cimetière d’Épinay.

REVUE DE PRESSE

La création d’un cinéma indépendant à Périgueux reste d’actualité

La question de la création à Périgueux (Dordogne) d’une salle de cinéma d’art et essai indépendante est un sujet sensible. La réunion organisée lundi 20 janvier au Théâtre l’a montré. La salle Montaigne était pleine et les adhérents motivés. Cette « assemblée extraordinaire » avait pour objet la présentation de l’étude réalisée par l’agence Hexacom sur la faisabilité du projet, à la demande de Ciné Cinéma avec une participation financière de la Ville. (…) L’étude de marché menée par Hexacom est positive. La zone de chalandise est de 130.000 habitants. (…) Cet équipement pourrait fonctionner avec deux ou trois écrans, ce qui nécessitera des dépenses importantes en matière de personnel : quatre équivalents temps plein dans le premier cas, quatre et demi dans le second. Avec deux écrans, le déficit serait de l’ordre de 50.000 € la première année (en raison du décalage du versement par l’État de la prime art et essai), de 24.000 à 30.000 € par an ensuite. Et avec trois salles, le déficit serait plus élevé la première année. (…) Quel sera l’avenir ? « Il y a trois hypothèses », a ajouté Marc Bécret [président de Ciné Cinéma]. Le statu quo, la création du cinéma, ou une solution intermédiaire, toujours avec CGR, mais en ouvrant un café associatif et des bureaux à proximité du multiplexe. (…) Autant d’éléments qui seront étudiés dans les mois qui viennent. Rendez-vous a été donné à l’assemblée générale début avril. En attendant, Ciné Cinéma a lancé un appel pour recruter de nouveaux bénévoles.
Sud Ouest, Chantal Gibert, 21 janvier.

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